Le Mauvais Moine
Les cloîtres anciens sur leurs grandes murailles
Etalaient en tableaux la sainte Vérité,
Dont l'effet réchauffant les pieuses entrailles,
Tempérait la froideur de leur austérité.
Etalaient en tableaux la sainte Vérité,
Dont l'effet réchauffant les pieuses entrailles,
Tempérait la froideur de leur austérité.
En ces temps où du Christ florissaient les semailles,
Plus d'un illustre moine, aujourd'hui peu cité,
Prenant pour atelier le champ des funérailles,
Glorifiait la Mort avec simplicité.
Plus d'un illustre moine, aujourd'hui peu cité,
Prenant pour atelier le champ des funérailles,
Glorifiait la Mort avec simplicité.
— Mon âme est un tombeau que, mauvais cénobite,
Depuis l'éternité je parcours et j'habite;
Rien n'embellit les murs de ce cloître odieux.
Depuis l'éternité je parcours et j'habite;
Rien n'embellit les murs de ce cloître odieux.
Ô moine fainéant! quand saurai-je donc faire
Du spectacle vivant de ma triste misère
Le travail de mes mains et l'amour de mes yeux?
Du spectacle vivant de ma triste misère
Le travail de mes mains et l'amour de mes yeux?
— Charles Baudelaire
The Bad Monk
Cloisters in former times portrayed on their high walls
The truths of Holy Writ with fitting pictures
Which gladdened pious hearts and lessened the coldness,
The austere appearance, of those monasteries.
The truths of Holy Writ with fitting pictures
Which gladdened pious hearts and lessened the coldness,
The austere appearance, of those monasteries.
In those days the sowing of Christ's Gospel flourished,
And more than one famed monk, seldom quoted today,
Taking his inspiration from the graveyard,
Glorified Death with naive simplicity.
And more than one famed monk, seldom quoted today,
Taking his inspiration from the graveyard,
Glorified Death with naive simplicity.
— My soul is a tomb where, bad cenobite,
I wander and dwell eternally;
Nothing adorns the walls of that loathsome cloister.
I wander and dwell eternally;
Nothing adorns the walls of that loathsome cloister.
O lazy monk! When shall I learn to make
Of the living spectacle of my bleak misery
The labor of my hands and the love of my eyes?
Of the living spectacle of my bleak misery
The labor of my hands and the love of my eyes?
— Trans. William Aggeler
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